Évoquer la punition suscite souvent de l’inconfort. L’association négative qui y est liée lui donne une mauvaise réputation, et elle semble loin des méthodes éducatives actuelles. Mais a-t-elle encore une place dans l’éducation ou l’entraînement ?
La punition peut être positive, où l’on ajoute quelque chose (ex. : frapper), ou négative, où l’on retire quelque chose (ex. : priver de contact). L’objectif est de réduire un comportement indésirable. Cependant, punir ne signifie pas systématiquement violence, il est important de distinguer les nuances.
Pour entretenir des relations saines, il est préférable de se concentrer sur les comportements positifs. C’est, selon moi, la clé d’une relation équilibrée. Réprimander ou intervenir constamment devient frustrant et nuit aux liens entre individus. Cela nous mène à un point fondamental concernant la punition : elle doit être suffisamment efficace pour qu’il ne soit pas nécessaire de la répéter sans cesse.
Voici quelques éléments clés d’une punition efficace :
- Elle doit être claire et sans ambiguïté.
- Elle doit être bien dosée, avec une intensité suffisante pour modifier le comportement, mais sans provoquer de peur ou de frustration.
- Elle doit être parfaitement synchronisée avec le comportement que l’on souhaite corriger.
Il n’y a vraiment rien de simple ici. Les meilleurs intervenants vous diront franchement, qu’on l’évite au maximum, car même les plus qualifiés, ne sont pas assez compétents pour atteindre la perfection. Il s’agit d’un art que très peu maîtrisent…
Les risques d’une punition mal appliquée sont considérablement plus élevés que ceux liés à un renforcement positif maladroit. Perte de confiance, détachement, frustration, peur de l’approche d’un individu : tous ces facteurs peuvent mener à de l’agression active, entre autres. Cela dit, lorsqu’elle est exécutée avec précision, la punition peut être redoutablement efficace. C’est pourquoi elle reste encore pratiquée et conseillée par certains. Il peut être satisfaisant de réagir fermement face à un comportement dérangeant et de constater son extinction rapide, mais il faut toujours se demander à quel prix cela se fait.
Je répète souvent : avant de punir un comportement qui nous dérange, il est essentiel d’enseigner celui de rechange qui nous convient. La punition n’apprend rien. En réalité, elle réduit souvent les capacités d’apprentissage à cause du stress qu’elle génère. Prenons l’exemple d’un enfant qui dessine sur les murs avec un crayon. Si on ne lui a jamais montré que le crayon est fait pour écrire sur une feuille, peut-on vraiment lui reprocher d’écrire ailleurs ? Cela n’a pas de sens. Je peux réagir avec mécontentement, mes mimiques faciales montreront à coup sûr mon agacement, mon ton de voix indiquera ma déception, et mes gestes pourraient être rapides. Cependant, le premier réflexe devrait être de prendre du recul et de réorienter l’enfant vers une feuille pendant que je nettoie le dégât.
Enseigner, encadrer et définir des attentes doivent précéder toute punition. Cela dit, je reconnais que nos réflexes ne vont pas toujours dans ce sens !
Par Annik Boisclair
Technicienne en santé animale