Dans ma dernière chronique, j’affirmais que nous avons tous le pouvoir d’agir pour changer le monde et dans notre cas, de promouvoir des solutions pour la paysannerie haïtienne. Ceci dit, il est facile de devenir le généreux investisseur qui va aider le pauvre petit démuni. C’est gratifiant de se savoir généreux, mais est-ce la solution ?
Il n’y a pas de pays pauvre. Il y a des pays exploités et des pays exploiteurs. Quand un pays est le fruit d’une exploitation totale : l’esclavage, il n’est pas surprenant que sa croissance pose problème. Le Québec n’a été que « vaincu » en 1759 et nous avons mis deux siècles avant de sortir lentement de notre rôle de porteur d’eau : 1959. Alors soyons compréhensif.ves et empathiques envers Haïti et surtout : agissons !
Le démarreur est une pièce essentielle et pourtant elle ne sert pas beaucoup. Notre empathie agissante doit démarrer des projets qui vont enrichir la société haïtienne, pour ensuite se faire oublier. Notre école en est un bel exemple. Parmi les gestes fondateurs de notre révolution tranquille, n’y a-t-il pas eu la formation du ministère de l’Éducation ?
Les entreprises à propriété collective que nous avons démarrées ont pour objectif de leur donner des leviers pour changer leur monde. Du projet d’achat de chèvres par lequel nous avons acheté, pour les paysannes, 200 chèvres sur cinq ans. Ce projet de type « donner à la suivante » a profité à des centaines de femmes qui 10 ans plus tard m‘en parle encore avec fierté, car leurs chèvres sont devenues cheptels.
Le projet de Caisse de crédit a plus que doublé sa valeur initiale en quelques années et permet à des centaines de paysans.nes d’emprunter à un taux qui ne les égorge pas. Le moulin à manioc est un immense succès, la pépinière aussi. Ces projets génèrent des fonds pour démarrer d’autres projets.
Toutes nos actions pour démarrer des projets ont créé une richesse inestimable : la confiance. Au lieu de confiner le partenaire dans une position de main tendue éternelle. Donnons-leur cette confiance sur laquelle ils et elles pourront bâtir.
Par Jean Charron
Solidarité Haïti en Estrie
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