Pesticide : qu’est-ce que tu fais dans mon assiette?

Lorsque j’étais enfant, j’habitais sur une ferme et je me rappelle le semoir derrière la maison rempli de semences de maïs toutes enrobées d’une substance rose. Joli pour l’oeil mais… était-ce un fongicide? Une question me chicotte: quels sont les impacts des pesticides sur la santé humaine?

Les pesticides sont des substances, le plus souvent chimiques, destinées à deux usages : protéger ou contrôler les végétaux, et détruire ou rendre inoffensifs les nuisibles. Les pesticides les plus répandus sont les herbicides, les insecticides et les fongicides.¹

L’émission La semaine verte s’est penchée sur le sujet le 20 mars 2023. Son reportage L’Héritage des pesticides concluait en ces termes : La science indépendante est de plus en plus claire sur les maladies liées à l’exposition aux pesticides. La France reconnaît le lien entre l’utilisation des pesticides et plusieurs pathologies tandis qu’au Québec, seule la maladie de Parkinson est reconnue en lien avec l’usage de certains pesticides.²

Les agriculteurs et agricultrices qui nourrissent la planète sont à risque d’y laisser leur santé même lorsque toutes les mesures de sécurité pour l’épandage suggérées par l’industrie sont suivies.

Serge Giard, un ancien agriculteur, a reçu un diagnostic de la maladie de Parkinson, liée à l’utilisation des pesticides.2 Il a cofondé l’organisme Victimes des pesticides du Québec qui a pour mission de défendre les droits des personnes victimes des pesticides et de faire connaître leurs revendications et recommandations pour un Québec en santé et un système agricole qui protège ses travailleurs et travailleuses.³

Maryse Bouchard, professeure chercheuse spécialisée en santé environnementale à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) déplore encore aujourd’hui un manque criant de recherche et de financement dans ce domaine. Selon elle, il n’existe pas assez d’études pour évaluer les risques réels de ces produits sur la santé humaine au Québec et dans le reste du Canada. Sur le site de l’INRS, en novembre 2024, son constat est clair : « les traces de pesticides sont partout: dans nos champs, nos assiettes, notre eau, nos parcs et nos espaces publics ».⁴

Pour Madame Bouchard, les personnes les plus exposées sont les travailleuses et travailleurs agricoles, qui encourent plusieurs risques, dont une diminution de la fertilité, la maladie de Parkinson, les problèmes respiratoires, le cancer du poumon, de la prostate et du colon et des myélomes multiples.⁴

La chercheuse avait d’ailleurs participé à la Commission québécoise sur les pesticides en 2019 dont 32 recommandations avaient été émises pour mieux encadrer l’utilisation des pesticides.⁵

Réduire l’utilisation des pesticides est une évidence mais une agriculture est-elle possible avec moins de pesticides?

Pour le lanceur d’alerte, Louis Robert, agronome au MAPAQ à la retraite, qui continue de dénoncer l’influence et l’ingérence des lobbys de l’industrie des pesticides, il est tout à fait possible de réduire de 50% à très court terme l’usage des pesticides en milieu agricole. Il est convaincu que les techniques alternatives de contrôle des ennemis de la culture existent mais elles ne sont pas assez valorisées.²

Équiterre, Louis Robert et le gouvernement du Québec sont d’accord sur ce point: « Les pesticides doivent être utilisés comme solution de dernier recours car leur utilisation comporte des risques, notamment pour la santé et pour l’environnement».⁶

Saint-Denis n’est pas un territoire très agricole mais nous
mangeons les aliments produits ici ou d’ailleurs. Individuellement, nous avons le pouvoir de réduire au maximum les pesticides en les éliminant de nos potagers, nos jardins et nos pelouses. La municipalité peut également réglementer leur utilisation sur tout notre territoire ; elle l’a fait en bordure des lacs et des cours d’eau.⁷

Cultiver et acheter des aliments sans pesticides, idéalement biologiques, reste le meilleur moyen de se protéger des pesticides. Toutefois, les gouvernements doivent encadrer davantage leur utilisation afin de protéger la santé des sols, de l’eau, de l’air. Autrement dit, ils doivent protéger la VIE.