Le Saint-Denisien

Cybersécurité – Les réseaux sociaux

, 31 mai 2024

Faut-il interdire les réseaux sociaux? Récemment, des discussions ont eu lieu dans certains niveaux de gouvernement pour interdire des réseaux sociaux en particulier et il peut être pertinent de réfléchir à la question. 

Tout d’abord, il faut mentionner que n’importe quel média social récolte des informations sur nous, nos préférences et notre personnalité et ces données sont utilisées de multiples façons. Deux groupes d’entreprises technologiques se disputent l’attention des gens; les GAFAM aux États-Unix et les BAXT (Baidu, Alibaba, Xiaomi et Tencent) du côté de la Chine. Il faut comprendre que dès que nous utilisons un de leurs produits, ces entreprises extraient de nombreuses données à notre sujet.

Ensuite, plusieurs services et applications des GAFAM ne sont pas autorisés en Chine, le bannissement de certaines applications par les gouvernements occidentaux peut être vu comme une riposte.

Quand ces entreprises opèrent dans une juridiction d’un gouvernement autoritaire, on peut facilement penser que d’une façon ou d’une autre, ces données vont être accessibles au gouvernement. De ce point, les soupçons d’espionnage qui pèse sur Tik Tok, sans être avéré, sont très plausibles. Même si la transmission des informations récoltées ne fait pas partie des modèles d’affaires de ces entreprises, comme elles évoluent dans un cadre de capitalisme autoritaire qui élabore des lois pour contraindre les compagnies à collaborer avec les services policiers, le risque est réel.

D’un autre côté, on peut penser que les États-Unis sont dans une meilleure position, mais il ne faut pas oublier l’étendue de la capacité d’interception d’information des programmes des services de renseignement états-uniens révélés par Edward Snowden en 2013. Ce dernier avait pris la décision de révéler les informations devant l’ampleur de la collecte de renseignement de citoyens états-unien. Même si des lois encadrant la récolte de données ont été votées depuis, les GAFAM récoltent amplement de données et sont bien prêts à les partager contre une rétribution. Des compagnies-écrans transigent avec ces entreprises et achètent les jeux de données de celle-ci. En les recombinant entre elles, des identités peuvent être retrouvées et les profils ne sont plus anonymes. D’une manière détournée, le gouvernement récolte des données sur ses citoyens. 

Ces oligopoles ne sont pas freinés par le gouvernement états-unien parce qu’elles possèdent des positions dominantes sur le marché, sont utilisés partout sur la planète et font un excellent travail de lobbying pour préserver leurs intérêts corporatifs. De plus, le gouvernement y trouve son compte en privatisant la collecte de renseignement.

Bref, d’un côté ou de l’autre, ces bannissements de chacun sont des éléments de rapport de force géopolitique et que le capitalisme algorithmique des oligopoles technologiques a pour unique but d’extraire des données à partir de nos activités et de monétiser ces données pour en maximiser les profits. Les gouvernements et les entreprises naviguent dans ce paradigme et manœuvrent aux meilleurs de leurs capacités pour obtenir des avantages dans ce grand jeu d’échec.

Au final, est-ce qu’une interdiction est nécessaire? Si cela nous permet d’être moins longtemps sur les réseaux sociaux, ça peut nous faire que du bien. On peut difficilement affirmer que nous avons besoin de plus de temps d’écran dans nos vies.

Par Simon Benoit
Consultant en cybersécurité